Je me verrais bien en robe violette
Et en dessous rose
J'aurais de l'or autour de la tête
Et beaucoup de grâce en prenant la pose

Mes jambes seraient faites pour la danse
Et gainées de soie
Mes bras longs et fins suivraient la cadence
Des chansons d'amour et des chants de joie

Je serais modeste autant qu'élégante
Perle et pierre fine
Et tu me dirais : « tu es charmante,
Je t'adore, ma douce colombine»


                                                

P’tit Louis, avec difficulté est venu au monde

Très vite il connut le monde abjecte, immonde

Comme beaucoup il a durement travaillé

Sa devise : premier levé, dernier couché

Suant sang et eau pour assurer maigre pitance

P’tit Louis maniait l’outil toujours avec aisance

Aux cadences infernales il s’est plié sans plainte

En ses chefs il avait confiance, aucune crainte

Travaillant sans relâche même les jours de fièvre

Il se voulait fort, endurci, pas un mièvre

Pas de congé, pas de repos juste boulot et dodo

Toujours un peu plus, jamais mal, jamais trop

P’tit Louis ne se plaignait pas, ainsi allait la vie

Jusqu’au jour où on le congédia sans un merci

P’tit Louis trompé, trahi, sali, déshonoré

Sans une plainte, le cerveau se fit sauter

Pauvre P’tit Louis n’eut pas le temps de comprendre

Que beaucoup comme lui ont payé pour apprendre

Alors que les grands patrons qui trient les marrons

Avec leurs parachutes dorés nous prennent pour des cons !

Chacune des heures que tu sonnes

Et une tranche de ma vie

Que jour après jour j'abandonne

A ton horrible boulimie

Les forçats traînant leur boulet

Ne pouvaient marcher qu'avec peine

Mais toi, tu chantes ton couplet

Grâce à tes deux poids qui t'entraînent

Comme un boeuf tirant la charrue

De son pas lourd et régulier

Tu suis dans ta caisse pansue

Le rythme de ton balancier

Aucune saison n'accélère

Ton tic-tac doux et monotone

Pas plus le printemps que l'hiver

Et pas plus l'été que l'automne

Pourtant, quand je suis dans l'ennui

Tu joues les belles indolentes

Et tu fais s'allonger les nuits

Pour exacerber mes attentes

Mais si les ailes du bonheur

Me font voir l'existence en rose

Alors, tu raccourcis les heures

Et refuse la moindre pause

Tes aiguilles, en réalité

Tournent à la même cadence

Mais c'est mon coeur qui, attristé

Ou gai croit voir des différences

Car tu ne jouis d'aucun pouvoir

Pour régler la marche du temps

Et la vie qui me tu sembles avoir

Je la crée en te remontant

Alors ne sois pas trop pressée

De sonner l'heure de mon trépas

Puisque tu seras délaissée

Le jour ou la mort me prendra .....

                                                       

Pauvre vieux Jules

Souvent il déambule

Ou vous aborde sans préambule

Surtout qu'il n'a pas de pécule.

Souvent, il coince la bulle

Sous des cartons en monticule

C'est un drôle d'édicule

La vermine y pullule.

Pauvre vieux Jules

Il redoute le brigadier Théodule

Qui lui demande son matricule

Au risque de finir au vestibule.

Pauvre vieux Jules

Ce n'est pas un noctambule

Encore moins un somnambule

Il se dégourdit les mandibules.

Ce soir au clair de lune

Pauvre Jules sans une thune

Pleure son infortune

Encore une fois Théodule l'importune !